samedi, février 10, 2007
KRAUTROCK FOR BEGINNERS, V/A Vol.4 - "TREMENDOUS PSYCHEDELIC TUNES"
Il aura fallu un peu de temps pour poster cette V/A vol.4, connexion Noos oblige (help : les habituées de l'Upload voudront bien m'expliquer pourquoi l'envoi de fichiers sur serveurs avec cette connexion bloquent 9 fois sur 10 avant terme). C'est pourtant la plus essentielle compilation des 4 : on aura trop attendu sans doute pour voir apparaître dans ces lignes certains des groupes les plus barrés et caractéristiques du mouvement, à côté desquels soudain les Can, Neu, Faust, Kraftwerk & co, quels que soient leurs atouts, paraissent bien sages. Ils avaient le défaut de partir parfois dans de grandes embardées de lead guitare, voire solo, plus très à la mode depuis le punk (et pourtant, tellement savoureuses souvent, quand le lead devient texture). J'envie ceux, sans doute rares, qui découvriraient à cette occasion AMON DÜÜL 2, GURU GURU ou AGITATION FREE - le premier, surtout, mérite un double CD d'anthologie. A côté d'eux, comme on commence à en avoir l'habitude dans ces V/A, des groupes beaucoup moins essentiels, mais qui ont pu "avoir leurs moments".
Volume 5 à venir : "kraut space rock" - le moins tard possible j'espère.
Bonne écoute.
GURU GURU : Oxymoron (Kan-Guru - 1972)
Une des pierres angulaires du Krautrock, qui après quelques albums entre bruitisme pré-industriel (leur 1er, UFO, est l'ancêtre des séquences les plus électriques de THROBBING GRISTLE, et ce dès 70) et psychédélisme mélodique, s'est hélas enfermé avec les années dans un jazz rock plus standard, quoi que de haut niveau. Leur 3è, Kan-Guru, est sans doute l'album par lequel il faut commencer et qui fait partie d'une collection minimale de Kraut, tant il effetue la synthèse de tous leurs talents, tant, aussi, les guitares d'Ax Genrich, admiratteur d'HENDRIX qui quittera le groupe avant sa période jazz, étonne par l'ampleur des styles explorés, sans pour autant qu'on soit dans la démonstration gratuite.
GOMORRHA : Trauma (Trauma - 1970)
Ce combo blues rock un peu fade a priori a su s'éloigner des standards, encore très apparents dans son premier album (à l'exception du titre ici présenté) pour offrir un deuxième LP de proto hard rock assez original. A réserver aux curieux néanmoins. Mais ici, on savourera l'ampleur de la composition rythmique, avec un sommet au changement de rythme à la 7è minute, la granulosité des guitares et orgues, de même que la production miracle de Dieter Dierks.
GILA : Kollaps (S/T - 1971)
Le groupe de Conrad "Conny" Veidt (petit fils et sosie de Conrad Veidt, acteur important de l'expressionnisme allemand connu notamment pour son rôle de "la créature" dans le "Cabinet du Docteur Calligari") a hélas disparu après 2 albums, suffisamment différents pour qu'il soit impossible de comprendre quel était leur vrai style. Si ici on est dans un kraut psyché à la Amon Düül II de la même époque, avec un album très cohérent sur toute sa durée (et indispensable), le second, BURRY MY HEART AT WOUNDED KNEE, tente une expérience très différente, teintée de folk, avec une grande diversité d'instruments, et des éléments exotiques type "indiens d'amérique" qui datent l'album et peuvent surprendre. On y reviendra.
AGITATION FREE : Sahara City (Malesh - 1972)
Pour les cinéphiles encore, AGITATION FREE est connu pour ses connexions insolites avec Philippe Garrel : son guitariste Lutz Ulbrich était l'amant de Nico en même temps que Garrel dans un couple à trois typiquement 70s (il apparaît dans le documentaire Nico, mais n'est pas présenté à son juste titre), et a pondu quelques BOF pour les films de ce dernier en collaboration avec ASH RA TEMPEL, dont on reparlera plus tard. Le programme est annoncé dans les titres de l'album et du morceau, AGITATION FREE est marqué sur ce premier album par son récent voyage au Maroc, dont il ramène une interprétation rythmique tourbillonnante assez puissante (Sahara City est le seul titre "planant"). Malesh est l'album parfait qu'il faut posséder en priorité. AGITATION FREE souffre plus tard des syndromes mélangés de GURU GURU et GILA : peu d'albums, et une dérive free et jazz un peu ennuyeuse.
KROKODIL : Odyssey in Om (An Invisible World Revealed - 1971)
S'il n'est pas le groupe le plus indispensable, KROKODIL a constamment évolué d'un rock assez standard pour l'époque à des choses pour le moins mélangées, comme ce Odyssey in Om en témoigne (flute, cythare, harmonica etc... en plus des instruments rock, le tout dans le même morceau...). Disons que ce sont peut-être les compositions, pas phénoménales, qui les empêchent d'accéder au statut de culte.
AMON DÜÜL II : Yeti (Yeti - 1970)
(photo). J'ai peur qu'on manque un peu d'objectivité ici sur AMON DÜÜL II, par lesquels il faut commencer toute collection kraut à mon goût. Après la dissolution de la communauté AMON DUUL dont on reparlera, les plus musiciens parmi eux se lancent dans des compositions d'une démesure et d'une folie inqualifiable, sans équivalent sans doute dans le rock anglo-saxon. Seul le style qu'ils ont choisi de développer, un psychédélisme théâtral et débridé, peut expliquer qu'ils n'aient jamais fait l'objet d'un culte pérenne. Ni électronique comme KRAFTWERK, ni précis et calculé comme CAN, ni expérimental et pré-industriel comme FAUST, AMON DÜÜL II est probablement pourtant plus important que ces trois là. Les premiers LP (ou double) sont magiques de bout en bout, un choc pour qui y jette une oreille même malveillante. Après 1973 et 6 albums à peu près tous indispensables (Phallus Dei, qui serait un ancêtre, en plus exotique, de SONIC YOUTH pour ses dissonances; et Yeti, dont on perçoit bien dans cet extrait toute l'extravagance, sont des incontournables absolus), les groupe a commencé à se démembrer et faire fausse route, produisant de la pop Bowienne parfois d'assez mauvais goût, sucrée, mais pourtant pas dénuée d'intérêt. On regardera bien la date avant de s'offrir un de leurs albums, donc. Sur ce blog, on leur dédiera peut-être une compilation, si l'exercice est possible.
MYTHOS : Hero's Death (S/T - 1970)
Projet d'un seul homme à la voix hélas irritante qui s'est entouré de musiciens différents en fonction des albums (d'où leur déroutante diversité), MYTHOS jouit d'une certaine respectabilité. Il fait néanmoins partie de ces groupes qui, parfois géniaux, n'en frôlent pas moins fréquemment la faute de goût (le problème crucial du Kraut, finalement). On a envie de dire pourtant que ce premier album est réussi de bout en bout in extremis. On reviendra peut-être avec un extrait du deuxième album, essentiellement folk, avant les dérives "rock lourd prophétique" des suivants.
JANE : Comin again (III - 1974)
Comme pour GOMORRHA dont leur style n'est pas loin, un peu hésité à mettre JANE aux côtés d'AMON DUUL II, GURU GURU ou AGITATION FREE, car précisément il leur manque la folie de ceux-là, ils représentent sans doute la branche la plus anglosaxonne du kraut . Pourtant, entre sessions jams aux frontières d'un certain rock lourd 70s et space rock abouti auquel ils se convertissent dans la deuxième moitié de la décennie, JANE maîtrise son sujet avec pas mal de talent. Manquent quelques signes distinctifs, un peu plus de personnalité, pour les intégrer au club des grands.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
1 commentaire:
In YOU we trust. Good Job!!! Thanks a lot.
Enregistrer un commentaire